© photos Marine nationale / photomontage:ar.créa'h
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© Jean-Yves Gaudart
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© photomontage :ar.créa'h
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Les marins des missions Bougainville (1966-69)

D'anciens marins militaires se souviennent d'une mission de trois mois, classée à l'époque "secret / confidentiel", "quelque part sur une île française perdue en plein Pacifique". Le film de cette occupation du caillou de la République par des marins entre 1966 à 1969.

ACTE 1
Café (Finistère) - Intérieur / après-midi
Au "Rive gauche" dans le port de Doëlan on trinque, on boit, on parle fort et on devise comme ce club des quatre attablés à gauche dans le coin du bar en entrant. Penchés au-dessus d'un épais classeur contenant des photos souvent délavées par les ans, les quatre conversent de bon coeur. Quelques bribes s'en échappent.

Robert Lorjou
Jean-François Le Guen
Jean-Yves Gaudart
Francis Arzel
Robert
Lorjou

mécanicien

Jean-François
Le Guen

mécanicien

Jean-Yves
Gaudart

fusillier commando

Francis Arzel
dit " Bout de bois "
charpentier

LA VIE SUR L'ATOLL
- Jean-François Le Guen : " Moi, 37 ans après je me souviens encore de ce fou de Bassan qui se posait sur l'antenne radio. Tous les matins, il y était. On l'avait baptisé "Antoine", comme le chanteur, car il était trop feignant pour aller à la pêche ! "

- Robert Lorjou : " Il y a aussi milliers de petits poissons qui tournaient autour de l'atoll… Il devait y avoir un éclosion. Cela a duré toute une matinée. Une autre fois, ce sont des tout petits crabes qui sont sortis de la mer pour aller au lagon. Ils étaient verts et minuscules "

LES MISSIONS
- JFLG : " Le gouverneur et le médecin avaient pour mission de répertorier toute la faune et la flore qu'il y avait sur l'île. Un dimanche après-midi, je vais faire le tour de l'île et on arrive sur des rochers. Je vois des crabes sauteurs gris verts. Les autres ne me croyaient pas. Ils pensaient même que j'avais trop bu ! "

" Ces foutus crabes rouges, il y en avait partout ! "

- JFLG : " Les fous, c'était facile parce que tu te mettais dos au vent et comme le piaf, il avait besoin du vent de face pour décoller, il courrait dans l'autre sens, il écartait les ailes et pam ! il capotait "

" Il y avait 485 cocotiers quand on a désarmé ! "

- Robert Lorjou : " Combien y avait-il de cocotiers quand nous sommes arrivés ?
- Francis Arzel : Moi, j'ai compté en partant. Il y avait 485 cocotiers quand on a désarmé.
- Jean-Yves Gaudart : Plus les noix de coco qui germaient et qu'on mettait au fur et à mesure. Pour les planter, on était obligés de découper des fûts de gasoil, de les couper en deux pour que ces maudits crabes ne puissent grimper le long et que le plant pousse "

ACTE 2
Appartement (Paris) - Intérieur / matin
À quelques encablures du palais Bourbon, la rue de Bellechasse. Au numéro 15, un escalier de marbre avec un tapis rouge quand on a poussé l'épaisse porte en bois. Au premier étage, la plaque de cuivre intrigue : "Société philanthropique". À la tête de la plus ancienne société de bienfaisance non confessionnelle de France, le contre-amiral Jean Raguet vous conduit d'emblée à son bureau. Derrière lui, un ordinateur avec une photo aérienne en noir et blanc de Clipperton. L'amiral est aussi un "ancien" du caillou.

LES OBJECTIFS OFFICIELS
- Amiral Raguet : " Officiellement, nous avons occupé l'atoll afin de procéder à des observations météorologiques, à l'étude de l'ancienne piste américaine et du plan d'eau du lagon qui aurait pu servir pour l'amerrissage d'un hydravion. Enfin, notre médecin devait lui récolter des échantillons d'animaux et également observer les effets d'un produit sur les crabes terrestres. Il s'occupait également du baguage des oiseaux. Je crois me souvenir qu'il se baladait en permanence avec un des oiseaux qu'il avait sauvés sur son épaule ! "

LES OBJECTIFS OFFICIEUX
" Même si grâce à cette occupation, ces observations pouvaient constituer un préambule à l'installation de la station de météorologie et de sismologie souhaitée par le congrès du Pacifique sud en 1949, je crois pouvoir dire qu'il y avait des raisons officieuses à notre présence sur Clipperton. Nous sommes partis à une période durant laquelle la France débutait ses expérimentations nucléaires en Polynésie. Face à la protestation d'États sud-américains, les autorités politiques de l'époque auraient calmé le jeu en interposant, entre la Polynésie et l'Amérique du sud, des Français : nous ! Vous imaginez bien qu'officiellement on ne m'a jamais communiqué véritablement les raisons de notre séjour "

LA PRÉPARATION
" Quoiqu'il en soit la mission sur Clipperton fut rapidement et discrètement mise sur pied. Le personnel du être choisi par le médecin en moins de 10 jours. Il fallut sélectionner parmi les officiers mariniers, jugés moins tendres que des quartiers-maîtres et matelots, sans gros préavis. C'est le 6 juin au lever du jour que j'ai pu voir la houle du Pacifique se briser sur un long récif : Clipperton

Le débarquement du personnel et du matériel n'a pas été une mince affaire ! Nous disposions de deux moyens : deux hélicoptères Alouette III et de trois baleinières de récif avec 15 Polynésiens pour franchir la barrière de brisants. Ces derniers, malgré de nombreux voyages, ne purent transporter en 10 jours que 30 des 210 tonnes du total débarqué "

" Il a fallu transporter à dos d'homme jusqu'à 50 kilos "

" Comme le seul point d'accostage de l'île était une plage de sable sur la côte Nord-Est, à l'opposé de notre camp, il a fallu transporter à dos d'homme des charges pesant jusqu'à 50 kilos sous un soleil de plomb ou sous une pluie battante. C'est un corps de débarquement du génie de l'Armée de terre comprenant 40 hommes qui a construit les installations des missions dites Bougainville "

LES JOURNÉES
" Le matin était consacré aux activités militaires : poste de propreté, vérification du matériel, entretien du camp et des extérieurs, nettoyage de l'île ou exercices de tirs. L'après-midi étant chaud, on le consacrait à des activités de loisir comme la voile dans le lagon, la plongée côté océan sous la houlette de notre médecin Le Chuiton. Le soir, on partait sur le platier armés de nos lampes torches pour ramasser des langoustes. Une vraie vie de Robinson jusqu'à notre relève "

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